Emilie Chazerand

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We’re all made of stars la la lalalala

  • 19 décembre 2017
  • Pour le plaisir & autres herbetléonardises

La semaine dernière, mon génial éditeur Tibo Bérard m’annonce que j’ai gagné l’Étoile du Parisien du roman jeunesse avec ma Fourmi Rouge chérie.

Il dit « c’est é-norme ».

Il dit « Je suis trop content »

Il dit « Chut, hein, pour l’instant t’en parles pas. »

Du coup, évidemment, j’en parle.

Mais à mon mari, donc ça compte pas. (Le mariage est un temple où doit régner la vérité. Ou l’amour ?! Rha je sais jamais…) Donc, je le dis à mon mari, qui répond « Ah. » et qui demande s’il reste du poulet pour le dîner. Plus tard, je suis prise d’un hoquet tonitruant, le genre qui fait mal au coeur et qui te fait passer pour le champion du monde d’absorption massive de Heineken. C’est atroce. Je me sens aussi gracieuse qu’un morse et mon époux commente, l’oeil brillant: « Ah bah elle est belle, l’étoile du Parisien… » Je sens que ça va devenir un classique, ça…

Dans le calme de la nuit, je vais fureter un peu sur le net, histoire de savoir ce qu’est ce prix, au juste.

Et là, je découvre une liste ahurissante des meilleurs et plus beaux et géniaux artistes français, toutes catégories confondues, et je me dis que c’est é-norme, que je suis trop contente et que c’est un peu chiant frustrant de ne pouvoir en parler à personne, si ce n’est un époux moqueur friand de poulet.

Lundi 18 décembre, au soir, au Casino de Paris, a lieu la cérémonie.

Je ne peux pas y aller.

Tibo, vêtu de son plus beau pull brun caramel, va me représenter. J’ai écrit un petit discours. Il va le lire, il a promis. Sauf qu’en vrai, il ne le lira pas. Du tout même.

Mais c’est pas grave, je m’en fiche un peu, j’ai des étoiles plein les yeux quand je le vois sur la vidéo de son passage sur scène. Il fait des gestes d’écolier bizarre, il est attendrissant de sincérité et d’enthousiasme et je suis hyper fière qu’il parle en mon nom.

Il dit des choses simples, honnêtes et intelligentes. Charlène et Julia, les fées Sarbacane, le filment et le soutiennent. C’est hyper joli, tout ça, et, pour un peu, ça me collerait presque le hoquet de l’autre jour tellement ça secoue des choses en dedans.

Il récupère ma toile Kiki Picasso et lance un exemplaire de ma fourmi dans la foule, au risque d’éborgner quelqu’un. Je trouve ça drôle et burné culotté. J’aime bien !

On regarde ça, mon mari et moi. Il me demande si un autre que moi a eu l’impolitesse de ne pas venir. Je dis que oui. Ed Sheeran. (Étoile de l’album étranger, je crois). Il fait des yeux ronds. Il me dit « Nan mais toi… ». Ce qui ne veut rien dire, en substance, mais que je traduis par un mélange d’exaspération et d’admiration.

Ma fille de bientôt 4 ans s’incruste dans notre conversation, comme tout le temps. Je lui dis « Hé ! T’es au courant que ta mère est une Étoile du Parisien ? » Elle fourre son index dans sa narine et me dit « Non t’es une sossiè. » Comprendre « sorcière », ce qui est le compliment le plus flatteur qu’une maman puisse entendre de la bouche de la personne qui lui a fait prendre vingt kilos, une peau de zèbre et dix ans dans la face qu’on aime le plus au monde.

Bref.

La Fourmi Rouge a gagné une belle étoile.

Et comme je le disais dans mon discours qui ne sera jamais lu à voix haute sur aucune scène :

« Seul, on n’est rien. Même une étoile vous le dirait : il lui faut une constellation, sa constellation, pour se sentir à sa place et briller correctement.

Je remercie, de fait, l’équipe des éditions Sarbacane au complet : ces gens n’ont d’autre envie dans l’existence que celle de faire vivre aux autres de belles et grandes émotions.

Les amis : me concernant, c’est réussi.

Merci aussi aux lecteurs, blogueurs, libraires, bibliothécaires et journalistes, à toutes les bouches et à chaque oreille qui ont permis à notre Fourmi Rouge de voyager.

Et merci, encore et encore, au Parisien pour cette distinction émouvante et tellement encourageante ! Saluer le travail de gens ordinaires, qui écrivent des histoires sincères sans fard ni prétention sur la vie de tous les jours, c’est réellement extraordinaire par les temps qui courent.

Cette récompense est une formidable déclaration d’amour à tous les Vania, Gottfried, Pierre-Rachid et Victoire de la Terre… Donc, à chacun d’entre nous.

Vous rendez tous mon ciel bien plus grand et bien plus beau.

Baisers et attention avec les petits fours : on est en période de gastro… »

© Emilie Chazerand